Interview croisée : « Nous souhaitons la mise en place d’un ministère dédié à l’Enfance »

Quelques jours après la sortie de son Observatoire Un pas de plus vers les droits de l’enfant ?, trois membres de la Dynamique « De la Convention Aux Actes ! » reviennent sur notre demande de création d’un ministère de l’Enfance et de la Jeunesse. Rencontre avec la coordinatrice de la Dynamique Florine Pruchon, responsable de plaidoyer à SOS Villages d’enfant, le référent du groupe plaidoyer Paul De Ryck, chargé de missions pôle Actions France chez France Parrainages, et le référent du groupe communication Julien Landureau, responsable plaidoyer et communication de Droit d’Enfance.

Pourquoi la Dynamique « De la Convention Aux Actes ! » demande-t-elle la création d’un ministère dédié à l’Enfance ?

Paul De Ryck : Malgré les avancées permises par la désignation d’un secrétariat d’État en charge de l’Enfance et des Familles et par la stratégie de prévention et de protection de l’enfance, les politiques publiques en direction de l’enfance et de la jeunesse restent morcelées, difficilement visibles et peu valorisées par les acteurs politiques. En effet, elles ne permettent souvent pas de répondre à la diversité des problématiques vécues par les publics concernés : violences faites aux enfants, inégalités d’accès à l’éducation, isolement et pauvreté des enfants et des jeunes, etc.

Florine Pruchon : Dans un objectif de remettre les enfants et les jeunes au cœur des politiques publiques, la Dynamique « De la Convention aux Actes ! » plaide donc pour la mise en place d’un ministère dédié à l’Enfance et la Jeunesse. Il viserait à améliorer la gouvernance, la visibilité et la cohérence des politiques publiques de l’enfance et de la jeunesse, tout en associant les premiers concernés. Ce ministère devra mettre en place une stratégie globale et cohérente en faveur de l’enfance et de la jeunesse, comme le recommande le comité des droits de l’enfant des Nations unies dans ses dernières recommandations ou encore plus récemment l’Union européenne qui vient d’adopter une stratégie pour les droits de l’enfant.

Paul De Ryck : Cela faciliterait en effet le développement d’une approche globale en matière de politiques de l’enfance et de la jeunesse, qui prenne en compte les différents facteurs (pauvreté, handicap, santé, éducation, etc.) qui sont intimement corrélés à la situation des enfants. Ce décloisonnement des politiques et dispositifs à destination des enfants et des jeunes pourrait se faire via la mise en place d’une stratégie transversale et d’une coopération avec l’ensemble des acteurs publics concernés (ministères, collectivités territoriales, etc.), qui manquent cruellement aujourd’hui pour garantir l’effectivité des droits des enfants.

Julien Landureau : Au-delà du message fort que la création de ce ministère représenterait, il permettrait la mise en œuvre de moyens nécessaires à l’application d’une politique ambitieuse en faveur de l’enfance en France. Il permettrait également de valoriser la participation des enfants au sein du débat public et de faire entendre leurs voix.

 

La Dynamique porte-t-elle d’autres recommandations ?

Florine Pruchon : En 2019, à l’occasion du 30e anniversaire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE), la Dynamique avait élaboré 12 actes rassemblant 69 propositions pour une meilleure effectivité des droits de l’enfant en France et dans le Monde. La majeure partie de ces propositions demeurent toujours d’actualité malheureusement. Pour donner un exemple plus concret, la Dynamique plaide également pour une meilleure participation des enfants et des jeunes aux politiques qui les concernent.

Julien Landureau : Nous souhaitons, en effet, mettre en œuvre une refonte du Parlement des enfants afin d’en faire un réel espace de débat et de décision pouvant interagir avec l’Assemblée nationale et contribuer aux propositions de loi. Nous demandons également de restreindre de façon effective la détention provisoire des enfants, de réinvestir dans les dispositifs de prévention ou de garantir la possibilité pour chaque enfant d’être représenté en justice par un avocat.

 

Quel type d’actions sont au programme pour faire connaître vos demandes?

Julien Landureau : Toute l’année, la Dynamique « De la Convention aux Actes ! » effectue un travail de plaidoyer auprès des décideurs publics et communique sur ses actions et celles de ses membres via son site internet, ses réseaux sociaux et ses publications. Elle crée aussi des campagnes dédiées relayées par toutes les organisations membres, telle que celle que nous menons actuellement autour de notre proposition de créer un ministère de l’Enfance.

Paul De Ryck : Nos revendications sont aussi relayées via des communiqués de presse, des lettres ouvertes comme celle faite en 2020 à l’attention du président de la République ou encore via des vidéos visant à promouvoir notre discours, etc.

Florine Pruchon: Nous avons également rédigé une note de positionnement pour présenter ce ministère de l’Enfance et de la Jeunesse. Elle sera adressée à une majorité de candidats à la présidentielle. Nous allons également solliciter des demandes d’audience auprès de leurs équipes de campagne pour présenter nos propositions. Enfin, nous avons mené une consultation auprès des enfants et des jeunes pour recueillir leurs avis et leurs propositions pour le prochain quinquennat. Ces recommandations seront transmises et portées par la Dynamique dans les prochaines semaines.

 

X